Le Miel français ou le choix de la qualité
Encore un article sur le miel ! Beaucoup, très argumentés, existent déjà! Alors pourquoi? pour qui?
Totalement novice en la matière, et sans aucune connaissance apicole, écrire sur ce sujet là me permet de partager sur une question qui m'était jusque là pratiquement inconnue et que j'ai appris à un peu mieux à connaître au fil de mes lectures ...
Avec vous tous qui voudraient bien me suivre dans l'évocation d'une belle histoire naturelle qui pourrait ne pas perdurer si nous ne réagissons pas à temps!
En préambule : la passionnante histoire de l'abeille
Vous le savez peut-être, ou pas, mais l'abeille, présente sur notre terre depuis 80 millions d'années, a été sacralisée durant des millénaires. Déjà dans les plus anciennes civilisations, et avant même que l'homme ne maîtrise la construction des ruches, elle a été considérée comme «messagère des Dieux», son miel a été, comme j'ai pu le lire par ailleurs, «élixir de longue vie, aliments des aliments, boissons des boissons, médicaments des médicaments»! Vénéré mais aussi plus pragmatiquement, élément conservateur des aliments. Toujours partie intégrante de la vie de nos Anciens, le miel était alors apprécié à sa juste valeur et les abeilles....respectées ! Gageons que la question de la qualité ne se posait pas encore ...pas dans les termes actuels en tous cas !
1 . Le miel aujourd'hui : la dure réalité économique du marché !
En France, comme partout dans le monde, l'offre ne suit pas la demande !
Nous consommons en France, environ 40 000 tonnes de miel par an ce qui nous place parmi les plus gros consommateurs d'Europe, et seuls 25 % d'entre nous ne consomment jamais de miel...
Mais, en parallèle, notre production de miel elle, n'augmente pas et a même connu en 2016, une année catastrophique, passant des 24 000 tonnes de 2015 à 17 000 tonnes de miels français ! Lorsque l'on sait que la production de 2016 n'a jamais été aussi faible depuis les années 1970, on peut objectivement penser que ce n'est plus une «simple» année noire dues à de très mauvaises conditions météorologiques, comme en connaissent toutes les productions mais un mal plus profond.
Et quand on sait que, depuis 2010 le rendement moyen national de miel français a diminué de 24 %, on peut légitimement s'interroger...
Les variétés de miels français se sont pourtant très largement multipliées et aux sources de miels les plus connues que sont désormais le miel d'acacia, le miel de trèfle, le miel de luzerne, le miel de fleurs sauvages, le miel de sarrasin, le miel de pommier,... se sont rajoutées au cours des siècles de nouvelles spécialités telles que le miel tilleul, le miel thym, le miel de lavande, le miel de romarin, le miel tournesol, le miel de sauge, le miel d'oranger, le miel de châtaignier, le miel de colza…
De nouvelles espèces d'abeilles sont également apparues, plus résistantes, plus «locales» car victimes désormais de surmortalité, elles doivent pouvoir mieux résister.
Quid de l'apiculture française ?
On peut, le plus objectivement possible, constater «les dégâts» que connaît notre apiculture!
A qui la faute ?
- aux conditions climatiques qui sont sans aucun doute en cause et si l'on ne peut pas lutter contre une nature hostile (pluies ou/et sécheresse hors normes) une attitude plus responsable et respectueuse de notre environnement pourrait sans doute, là encore, favoriser une production de meilleure qualité
- au frelon asiatique qui semble être en effet le parfait «coupable» mais on peut douter qu'il soit le seul! son retour est-il à craindre ?
- aux pesticides qui sont parmi les plus incriminés : des études indiquent là encore que nombre de pesticides particulièrement agressifs sont responsables. Un retrait progressif plus global du marché est-il programmé ?
- À la multiplication des grandes surfaces de monoculture qui ont trop souvent remplacé prairies fleuries et fruitiers …
Le débat reste ouvert ! On pourrait seulement se lamenter et plaindre ces femmes et ces hommes qui se démènent au quotidien pour que leur travail soit respecté et l'abeille protégée … Mais le mal n'est pas nouveau, et les véritables solutions, que le « politique » pourrait apporter tardent à arriver !
Alors donc, si la quantité produite en France n'est pas là, d'où vient le miel que mangent les français?
Les chiffres sont implacables : les apiculteurs français n'assurent que 50% de la production nationale de miel ! Le reste est issu d'importations massives venues essentiellement d'Espagne de Chine et d'Ukraine ce qui rend, par voie de conséquence directe, notre balance commerciale très négative ! Ainsi, par exemple, nous consommons 100 tonnes de gelée royale par an alors que nous n'en produisons que 3 tonnes...
Issues de publicités audacieuses voire mensongères, ces importations parfois même frauduleuses, mettent sur le marché des produits à moindre coût mais de bien moindre qualité! Ils séduisent une clientèle toujours plus nombreuse qui veut bien croire que tous les miels se valent !
Car, consommateurs, victimes ou complices du Système, nous entraînons avec nous le monde apicole !
2 . Le miel demain : le choix de la qualité
Le monde apicole français se bat à n'en pas douter, avec la volonté de privilégier une production naturelle respectueuse de notre environnement.
Mais face à une réglementation en matière d'étiquetage très sommaire, la vigilance est de rigueur.
Alors donc, afin de réellement privilégier la qualité il faut rester attentif à un certain nombre de points : le prix du produit, car un miel français sera forcément, mais normalement, plus cher que d'autres trouvés en supermarché par exemple, et la mention « récolté et mis en pot par l'apiculteur » pourront être également un gage de sérieux.
Car un bel habillage ne suffit pas à faire un bon miel, loin s’en faut! la traçabilité des produits qui doit pouvoir garantir leur origine, est indispensable et les véritables professionnels ne manqueront pas de nous la proposer. Elle nous permettra de mieux comprendre les informations qui sont sur les produits, et d’éviter les pièges tendus par de personnes peu scrupuleuses qui profitent d’un marché en déséquilibre.
Mais, nous avons, sur le marché français, de nombreux exemples qui prouvent le sérieux du monde apicole.
Celui de la toute nouvelle Coopérative Régionale des «Apiculteurs gascons» en est l'illustration.
A la lecture de leur cahier des charges, que j’ai pu consulter, on comprend leur engagement à ne commercialiser, dans une traçabilité totale, que des miels locaux de qualité, et à «participer activement à la protection des abeilles et de la biodiversité» en y associant un terroir et tout un métier.
Leur combat est bien la gestion mais aussi la protection de l’abeille en tant que productrice de miel mais également en tant qu’actrice de la survie de notre écosystème.
A nous consommateurs à jouer le jeu de la qualité, en donnant les moyens à tous ceux qui nous proposent d’en vivre !
Et n'oublions pas que même si l'abeille et miel sont aujourd'hui désacralisés, comme l'aurait écrit Einstein «si l'abeille devait disparaître de la surface du globe, l'humanité n'aurait plus que quelques années à vivre»
Brigitte B.
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Commentaires
Appréciation du miel.
Par :Lcharruet Sur 12/01/2022Vraiment fameux le miel de clémentines de Corse.
Répondu par : Eric Caïrou Sur 21/01/2022